Après les tout premiers travaux de recherche en 2021, la 6G arrivera vers 2030 et avec elle de nouveaux usages. Dans des livres blancs, Samsung, Ericsson et Nokia imaginent le monde numérique de demain.
A quoi servira la 6G en 2030 ? La question peut sembler superflue, surtout en cette période très incertaine de crise sanitaire. Et cela d’autant plus que les cas d’usage de la 5G, qui vient tout juste d’être lancée en France, ne sont pas encore bien définis. C’est pourtant l’exercice auquel se sont livrés Samsung, Ericsson et Nokia dans leurs « livres blancs » respectifs sur la future génération mobile qui succédera, dans dix ans, à la 5G.
Parmi les usages les plus fous figurent les « jumeaux numériques ». En clair, des clones numériques répliquant à la perfection des objets, des machines, des humains voire des lieux, comme une usine. De cette façon, un salarié pourrait participer virtuellement à une réunion avec des collègues, et interagir avec eux, tout en étant physiquement à l’autre bout du monde. Fini le présenciel et le distanciel. Avec la « téléprésence », un bel oxymore, « la distance ne sera plus une barrière à l’interaction », écrit Ericsson.
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Ce double numérique pourrait s’afficher en relief dans l’air ou bien apparaître dans des lunettes de réalité virtuelle. Dans le monde de l’industrie, il serait par exemple possible d’inspecter une usine à distance, ou de déplacer un robot physique en contrôlant uniquement son « digital twin ». On peut également imaginer des applications dans la télémédecine.
Selon Samsung, le marché des clones numériques pourrait atteindre 26 milliards de dollars en 2025. Jusqu’à présent, la difficulté consistait à obtenir une définition d’image en terapixel, et non en mégapixel ou gigapixel comme c’est le cas aujourd’hui. Mais avec le débit de pointe offert par la 6G (1.000 Gigabits par seconde selon Samsung, soit 50 fois plus que la 5G), il sera désormais plus facile de transporter ces images.
Puces sous la peau
Dans la même veine, Ericsson imagine « des cartes 4D de villes entières », modifiables simultanément par des hommes ou des machines. Ces cartes pourraient alors servir pour mieux piloter des systèmes de transport urbain, de collecte de déchets, de chauffage ou de distribution d’eau…
La 6G pourrait aussi changer la façon dont nous interagissons avec le monde numérique. Pour Nokia, « la saisie manuelle sur un clavier va probablement devenir dépassée ». Le géant finlandais s’attend plutôt à ce que la voix ou le geste prenne le relais. Par exemple, le traditionnel clavier du PC pourrait se dématérialiser et apparaître virtuellement sur une table ou un mur.
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Si les smartphones et les tablettes devraient encore exister en 2030, selon Nokia, d’autres gadgets électroniques pourraient devenir des puces ou des patchs sur les vêtements, ou directement sur le corps. En Suède, plusieurs milliers de personnes ont décidé bien avant la 5G de se faire poser des puces sous-cutanées qui remplacent des clés, des cartes de visite ou des billets de train.
Là aussi, la tendance pourrait s’accélérer avec la 6G. « Le cash ou les clés numériques pourraient bien devenir la norme, avec des transactions dans le monde physique et numérique assurées par la pléthore d’objets que nous aurons à disposition », écrit encore Nokia.
Les caméras, des capteurs « universels »
Autre promesse de la 6G : le développement de la voiture partiellement autonome (niveau 4) voire 100 % autonome (niveau 5). Selon Samsung, la future génération pourrait offrir un temps de latence de 0,1 milliseconde, contre 1 milliseconde pour la 5G. Ce qui permettra aux véhicules de réagir plus rapidement en cas d’obstacle imprévu. Résultat, « les véhicules autonomes d’aujourd’hui seront accessibles pour le grand public d’ici les années 2030 », prédit Nokia.
Du coté de l’industrie, les robots et des drones connectés à des réseaux 6G pourraient fleurir dans les entrepôts, les usines, les hôtels ou les hôpitaux. D’autres usages sont plus inquiétants. Les caméras deviendront ainsi « des capteurs universels pouvant être utilisés n’importe où », prévient Nokia. D’où la nécessité de mettre en place de nouveaux garde-fous. Gare cependant à la science-fiction : les usages qui s’imposent in fine ne sont pas toujours ceux que l’on imagine. Réponse donc en 2030, voire au-delà…