Bruxelles déplore la faiblesse et la frilosité du marché européen du capital-risque. L’exécutif européen a dévoilé mercredi une première liste d’une quarantaine de start-up dans lesquelles il prendra des parts. La medtech française CorWave ouvre le bal.
C’est une nouvelle opportunité importante de financement pour les start-up. Pour la première fois, dans le cadre de son budget 2021-2027 et à travers son fonds EIC (accélérateur du Conseil européen de l’innovation), la Commission européenne va procéder à des investissements directs en capital dans des jeunes pousses innovantes. « C’est un pas historique », se targue l’exécutif continental, qui a dévoilé ce mercredi une première liste de 42 PME et start-up bénéficiaires.
On y retrouve CorWave, une medtech française qui développe des pompes cardiaques, toute première à avoir signé un tel accord avec Bruxelles, pour une injection de 15 millions d’euros dans son capital. « En investissant dans CorWave, la Commission signe l’acte de naissance de l’Europe actionnaire, c’est un grand honneur de participer à cet événement », commente Louis de Lillers, son DG. Autre start-up française sur le point de signer : XSun, qui développe des drones à énergie solaire.
Parer à la frilosité des investisseurs
L’objectif est de combler le déficit de financement lors du démarrage des projets et de corriger ainsi une insuffisance structurelle de l’Union européenne, la faiblesse et la frilosité de son marché du capital-risque, comparé à son homologue américain, trois à quatre fois plus important.
« L’Europe a d’incroyables compétences et crée plus de start-up que les Etats-Unis mais peine ensuite à accompagner leur croissance ; cela se traduit dans son faible nombre de licornes », déplore un expert de la Commission. « On ne peut pas combler l’écart uniquement avec des fonds publics. Il faut attirer plus de fonds privés en prenant le premier risque, c’est l’objet de notre démarche », explique un autre.
« Beaucoup de croissance et d’emplois potentiels sont aujourd’hui perdus parce que ces entreprises sont considérées comme trop risquées par le marché du capital-risque privé européen et restent en conséquence petites ou se délocalisent », déplore la commissaire européenne à l’Innovation, Mariya Gabriel, en charge du projet.
Jusqu’à 15 millions d’euros
La Banque européenne d’investissement (BEI) est chargée de conseiller la Commission dans ses investissements puis de gérer ses participations. L’objectif poursuivi par Bruxelles n’est pas tant d’assurer la rentabilité maximale de ses placements mais de donner une vraie chance à des projets jugés à fort potentiel.
« Les start-up sont essentielles à la compétitivité de l’Europe. Avec la crise du Covid-19, elles sont confrontées à des contraintes encore plus importantes qu’auparavant. C’est pourquoi nous sommes heureux de soutenir le fonds EIC, qui arrive au moment où il est le plus nécessaire et qui aidera les start-up européennes à se développer », expliquait cet été Ambroise Fayolle, vice-président de la BEI, en charge de l’innovation.
159 projets présélectionnés
Le fonds EIC apportera jusqu’à 15 millions d’euros de fonds propres aux entreprises sélectionnées, avec une participation attendue de 10 % à 25 % dans leur capital. Selon la quantité et la qualité des projets retenus, un gros tiers du fonds, soit de 3 à 3,5 milliards d’euros sur les sept prochaines années, sera consacré aux prises de participations directes. Les 6 à 7 milliards d’euros restant seront distribués sous les formes plus classiques de prêts ou de subventions.
Le fonds EIC a été lancé à l’automne 2019. Il a permis de présélectionner 159 start-up et PME dans des secteurs à forte intensité technologique. L’accent est mis en particulier sur les projets liés à la santé et aux transitions numériques et écologiques, priorités du mandat actuel de la Commission européenne.